A l'occasion de la Semaine de la Francophonie, certains des Lycéens et Professeurs ont pu découvrir une forme originale de musique originaire de Haïti : la musique rara. 

A travers deux événements: 

       - le jeudi, une conférence/débat donnée par Pascale Jaunay. 

       - le vendredi, un atelier animé par le groupe de rara, Foloja.

 

                 

                 Atelier musical avec le groupe Foloja                            Conférence et échange autours de la musique rara

            (apperçu musical en cliquant sur l'image)                                 ( M. Figari, Mme Pierre et Mme Jaunay )

 

Le rara :

Joué lors de défilés de rue, généralement au cours de la semaine de Pâques, et présent lors du carnaval, le rara est aussi et surtout une partie du « konbit », à savoir le système d’entraide entre paysans qui prit la relève de l’exploitation esclavagiste de la terre. 

"En Haïti, qui est né d’une révolte d’esclaves et qui, auparavant, était la colonie la plus riche au monde (plantations énormes), l’élite qui a pris le pouvoir a essayé de remettre au travail les Haïtiens dans le cadre des plantations en leur disant qu’ils œuvraient pour le service d’un nouvel état. Mais la majorité d’entre eux ont considéré que ce système des grandes concentrations de la plantation de canne à sucre où autre rappelait l’esclavage et comme ils s’en étaient libérés, ils n’avaient aucune raison de se remettre au travail de la même manière même pour d’autres prétendus buts.
Tout ce système est tombé en ruine et ce monde paysan est donc un monde de propriétés individuelles. Le « konbit » est donc un système de travail solidaire entre les paysans, où tout d’un coup, pour certains travaux, les paysans d’un coin viennent dans la petite propriété individuelle d’un autre pour l’aider et là on chante." Charles Najman, La musique haïtienne.

 

La musique participant à la motivation des paysans par sa magie propre les unifie dans l’effort, tout en esthétisant leur passé obsédant. Le rara au son oppressant et lancinant n’est pas seulement fait pour divertir, c’est aussi un témoignage vivant du terrible passé haïtien. La musique a comme effet de faire glisser le spectateur et la société vaudou dans une sorte de vertige envoûtant. C’est une musique pour libérer la mémoire, pour expier la souffrance originelle des ancêtres.      

Le genre se centre sur un ensemble de trompettes en bambou cylindriques appelées vaksen (qui peut aussi être faite de tuyaux en métal), mais dispose également de tambours, de maracas, de güiras ou güiros (un instrument à percussion), et de cloches en métal. Les vaksen-s effectuent des sons répétitifs et rythmiques à l'aide d'un bâton. Les trompettes et saxophones peuvent également être utilisés. Le genre, même si majoritairement afro-centré, se caractérise également par quelques instruments taino-amérindiennes comme les güiros et les maracas.

Les chansons sont toujours chantées en kreyòl haïtien et célèbrent l'ascendance africaine de la population afro-haïtienne. Le vaudou y est souvent pratiqué. Le genre est exporté en République dominicaine, et fait désormais partie intégrante de la scène musicale du pays, où il est familièrement connu comme gagá1. En République dominicaine, la musique est souvent jouée par la population afro-dominicaine comme un hommage culturel à leurs ancêtres africains et à leurs homologues haïtiens.

Le rara en Haïti est souvent utilisé à des fins politiques pour les candidatures et les campagnes. Les paroles abordent aussi souvent des sujets difficiles comme l'oppression politique ou la pauvreté. De ce fait, les groupes et musiciens de rara sont interdits d'exercer, et même contraints à l'exil - c'est plus particulièrement le cas du chanteur folk Manno Charlemagne, qui reviendra plus tard Haïti et sera élu maire de Port-au-Prince dans les années 1990.

Le rara est souvent joué en marchant. Mais depuis un certain temps, on joue le Rara haïtien dans des concerts comme Haiti Jazz. Les activités liées au rara commencent généralement pendant le mercredi des Cendres, et culminent au week-end de Pâques. « Le festival rara a probablement été développée au cours de la période de l'esclavage colonial, quand les esclaves africains et les afro-créoles dans la colonie de Saint-Domingue lorsqu'ils faisaient usage d'instruments musicaux durant le dimanche de Pâques [...]2. »

Certains, dont l'ethnologue Jean Coulanges, considèrent que le rará est un héritage des taïnos qui habitèrent l'île avant la colonisation. Il serait lié à l'équinoxe de printemps, jour consacré par les Mayas à la nature. De plus, les traces des majors jonc se retrouvent chez les Mayas, notamment dans le Yucatán au Mexique. Le Rará aurait par la suite été adopté par les esclaves africains. Le syncrétisme religieux serait ensuite venu se greffer à cette fête, donnant la coïncidence avec le calendrier chrétien.